Pierre Pharabod

Pilote d’avion des années 1930

Alger-Congo 1934

« En juin 1934, la Régie Air-Afrique s’attachait ce jeune pilote qui, au cours de son raid vers Madagascar, avait su prouver sa science en triomphant des embûches que dresse aux aviateurs le continent africain » (L’Aviation octobre 1935).

L'équipage de la première liaison Alger-Congo: Massias, Lefèvre, Pharabod, Dagnaux, Poulin

TRIMOTEUR BLOCH 120

Le 27 juin 1934, Pierre Pharabod effectue à Villacoublay 1h25 d’essais de l’appareil MB 120-01 avant d’en réaliser le convoyage jusqu’à Alger via Marignane et Alicante. Cet appareil est le premier trimoteur construit par Marcel Bloch (qui deviendra Marcel Dassault après la guerre de 39-45). Après validation du prototype en 1932, cet avion est immatriculé F-AMSZ et baptisé Scorpion. Il sert pour le transport de personnalités à la division ministérielle. Il est mis à la disposition de la régie Air Afrique en juin 1934 et sera progressivement rejoint par quatre autres MB 120.

CARACTERISTIQUES :

Envergure 20,5 m
Longueur 15,6 m
Hauteur 5,1 m
Surface alaire 60 m2
Poids à vide 3436 kg
Trois moteurs Lorraine de 300 ch
Vitesse maxi 239 km/h
Plafond absolu 6300 m
Vitesse d’atterrissage 115 km/h
Autonomie 1340 km.

PREMIERE LIAISON

Du 7 au 15 août 1934, Pierre participe à la première liaison Alger-Brazzaville : pilotes Poulin et Pharabod, mécanicien Lefévre, radio Massias, passager M. Dagnaux. Le commandant Jean Dagnaux pilote de la guerre de 14-18, blessé et amputé d’une jambe, est le directeur de la régie Air Afrique.

La liaison Alger-Brazzaville va au plus court à travers le Sahara. Elle fait escale à El Goléa, Aoulef, Bidon 5, El Ouit, Tabankort, Gao, Niamey, Zinder, Fort Lamy, Archambault, Bangui, Coquilhatville et retour par le même itinéraire.

Itinéraire de la liaison Alger-Congo
Journal L’ILLUSTRATION | 17 novembre 1934

L’AVIATION FRANCAISE TRANSAFRICAINE

Les premiers voyages d’exploration transsaharienne des Vuillemin, des Chalus et des Dagnaux datent de quinze ans bientôt. Or il y a seulement quelques semaines qu’un service d’essai, exploité en régie par l’Etat lui-même, a joint par une ligne aérienne les deux rives du Sahara.
De tels délais n’étaient pas techniquement inéluctables : ils expriment surtout le caractère peu méthodique qui a marqué jusqu’à maintenant le développement des transports aériens contractuels français. Comment imaginer, en effet, que , plusieurs années après la Grande-Bretagne a établi sa ligne du Caire au Cap, la France, grande puissance africaine, ne dispose pas d’un service aérien régulier joignant l’Algérie à l’Afrique équatoriale et à Madagascar ? Souhaitons du moins que l’expérience actuelle, précisément confiée au pionnier que le commandant Dagnaux n’a cessé d’être, aboutisse très vite à une exploitation régulière.
Le premier voyage a été mené à bien par un équipage d’élite, auquel le commandant Dagnaux s’était joint : les pilotes Poulin et Pharabod, avec le mécanicien Lefèvre, ont conduit en huit jours d’Alger à Brazzaville, par l’itinéraire que notre carte indique, un avion trimoteur Bloch-120. Le voyage de retour a été effectué en six jours, et il semble que cette allure suffise, pour les débuts du service, à procurer une accélération de transport susceptible de déterminer une première clientèle. Les limitations administratives propres au système de la régie conduisent pratiquement, à l’heure actuelle, l’activité commerciale de la ligne au transport postal ; les avions employés ont d’ailleurs une capacité de charge trop faible pour qu’on puisse songer déjà à transporter normalement des passagers à leur bord : il faut d’abord faire place à un équipage de trois ou quatre hommes, dont un commandant de bord navigateur, car la traversée aérienne du Sahara, malgré pistes et balises, relève de la grande navigation beaucoup plus que du cabotage. C’est à dessein que l’expérience du service transsaharien a été entreprise à la saison chaude ; c’est celle qui pose, pour le personnel et le matériel, les plus difficiles problèmes.
La ligne de la régie est poussée jusqu’à Brazzaville ; déjà à Coquilhatville, elle se trouve en liaison avec le réseau belge du Congo ; ainsi se rétrécit la marge qui sépare encore l’aviation transafricaine française de son terminus naturel : Madagascar…

Les étapes de la première liaison Alger-Congo d'après le carnet de vol de Pierre Pharabod

LA LIGNE ALGER-CONGO

La brillante randonnée aérienne Paris-Madagascar et retour de Pharabod

En septembre, Pierre est à Paris. Le 10 octobre, il réceptionne le second M. Bloch 120 F-ANJX dont il assure le convoyage jusqu’à Alger les 18 et 19 novembre via Marseille et Alicante. Il enchaîne avec une liaison Alger-Brazzaville et retour du 21 novembre au 4 décembre.
Les journaux suivent les vols de reconnaissance de la ligne:

Nouvelles de l’aviation

Pharabod – Lambert – Massias – Combard, d’Air-Afrique, ont accompli une très belle performance : ils ont assuré le transport du courrier de Brazzaville à Alger en 3 jours et demi. Repartis de Brazzaville le dimanche 2 juin à 13 heures, cet équipage a couvert dans la journée d’hier mercredi 5 juin, le parcours Gao-Bidon V-Aouleff-El Golea-Alger : départ de Gao 5h25, atterrissage à Alger 18h10, avec 3 passagers ; 2 de service et 87 kilos de poste.
Il est à remarquer que le parcours Coquilathville-Alger a été couvert en trois jours. (Marcel Bloch 120 – trimoteur Lorraine « Algol »).

Trimoteur MB 120 F-AMSZ en escale à Niamey

LES DIX LIAISONS DE PHARABOD

Pierre va ainsi accomplir jusqu’au 1er août 1935 dix liaisons Alger-Brazzaville.

Nouvelles de l’aviation
(18 août 1935)
Palmarès des pilotes d’Air-Afrique après la 22e liaison Alger-Brazzaville et retour, achevée le 15 août – premier voyage d’expérience : 7 septembre 1934 ; premier voyage commercial : 2 mars 1935 :
Pharabod, 10 allers et retours ; Poulin, Avignon et Lambert, 8 ; Ripault, 5 ; Dupuis, 3 ; et Plamond, 2.

 

ETAT DES SERVICES AERIENS

de M. PHARABOD, Pierre, André ;
né le 5 juillet 1908 à St Servan (I&V), habitant 66 rue d’Assas à Paris ; célibataire sans charges.
Nationalité française.
Sorti des études secondaires et d’école industrielle, rentré comme agent de fabrication aéronautique à la Compagnie Française d’Aviation.
De 1926 à 1928 : Elève pilote civil (Caudron) et pilote militaire à Metz.
1929 & 1930 : Pilote à la Cie Gale Aéropostale, ligne Toulouse-Casablanca.
De 1931 à 1934 : Chef pilote à l’Aéro-Club de Paris, 60 élèves brevetés. Liaisons Paris-Brazzaville (1932) Paris-Tananarive en 5J.1/2 et retour (1934).
1934 & 1935 : Pilote chef de bord à la Régie Air-Afrique, 145.000 km effectués au cours de 10 voyages et convoyages.
Brevet Pilote militaire N° 21316 le 21 janvier 1927.
Brevet Pilote transport public N° 1213 le 5 juillet 1929.
Brevet Navigateur supérieur N° 02 P le 26 mai 1933.
Total des heures de vol au 15 septembre 1935 – 3200 h dont 120 h de nuit.